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26 Février 2024

Charte Internationale "Espace et Catastrophes Majeures"

Mettre la technologie spatiale au service des équipes de secours lors des grandes catastrophes, tel est l'objectif de la Charte internationale "Espace et catastrophes majeures". Initiée par le CNES et l’ESA en 1999, cette charte regroupe aujourd'hui 17 agences spatiales membres et 7 fournisseurs de données satellites.

À Vienne, à l'occasion de la conférence des Nations Unies UNISPACE III tenue en juillet 1999, le CNES et l'ESA émettent l'idée d’une charte engageant ses signataires à offrir gratuitement les données spatiales qu’ils possèderaient aux pays touchés par d’importantes catastrophes, qu’elles soient d’origine naturelle ou humaine. Ainsi naquit la Charte Internationale "Espace et Catastrophes Majeures".
Les deux fondateurs ont été rejoints très rapidement par l’Agence spatiale canadienne qui adhère à la charte en octobre 2000, suivie depuis par différentes agences spatiales et organismes internationaux.

La charte est une coalition internationale qui dépasse les habituels clivages politiques et économiques afin de répondre à l’urgence des phases de « gestion de crise ». Sont susceptibles de devenir membres de la Charte, les agences spatiales ainsi que les exploitants nationaux ou internationaux de systèmes spatiaux. La charte a pour but de servir des utilisateurs autorisés qui sont les organismes de protection civile, de sauvetage, de défense ou de sécurité des pays. 

Afin d’apporter au plus vite une aide aux populations sinistrées, les membres de la Charte assurent une veille permanente. Après avoir authentifié la demande d'activation et vérifié sa pertinence, les opérateurs de la Charte demandent aux agences la programmation des satellites les mieux adaptés au type de catastrophe survenue. Vient ensuite la production de cartes dites "à valeur ajoutée" qui illustrent parfaitement la situation avec les dégâts sur le terrain et qui sont directement exploitables sans nécessiter de connaissances particulières en matière d'imagerie spatiale.

Depuis sa mise en application, en novembre 2000, la Charte a été activée 859 fois (à la date du 3 février 2024) dans le monde entier, pour moitié suite à des phénomènes d’inondation et pour environ 25% pour des catastrophes en lien avec des phénomènes météorologiques (tempêtes, ouragans/typhons/cyclones, feux après sécheresse, glissements de terrain après pluies diluviennes, épisodes neigeux extrêmes, etc.). Aucun continent n’est épargné et près de la moitié des pays du monde ont déjà sollicité l’aide de la Charte.

Rôle de la France et du CNES au sein de la Charte

La France mobilise activement sa politique spatiale pour remplir les objectifs de l’Accord de Paris et du Cadre de Sendai sur la réduction des risques de catastrophes. Les satellites français SPOT, Pléiades et Pléiades Neo sont les fers de lance du dispositif Charte. En effet, ces dernières années, environ 30% des cartes des dégâts post-catastrophes sont produites à partir des données acquises par les satellites Pléiades. 

Partenaire clé du CNES, ICube-SERTIT (Service Régional de Traitement d’images et de Télédétection), spécialisé en cartographie rapide depuis 20 ans, réalise les produits à valeur ajoutée à partir des images satellite du lieu des catastrophes. Ainsi, les experts proposent dans les meilleurs délais des cartes d'estimation des dégâts, d’intensité des phénomènes, de rassemblements spontanés de population, de praticabilité des réseaux routiers, etc.

En octobre 2025, la France via le CNES assurera la présidence de la Charte pour la 7ème fois et ce pour une durée de 6 mois. Cette présidence est tournante entre tous les membres de la Charte et couvre la coordination opérationnelle des activations de la Charte ainsi que la coordination des organes de la Gouvernance (comité de direction, secrétariat exécutif et groupe de communication). 

Par ailleurs, les acquisitions d’images satellites utilisées pour éditer les cartes des dégâts seront également exploitées au-delà de la Charte, par l’Observatoire de la Reconstruction (Recovery Observatory). Cette initiative vise à accompagner les décideurs locaux à l’élaboration des phases de relèvement et de reconstruction des zones sinistrées en fournissant des images satellites durant plusieurs mois. Cette approche éprouvée depuis 2020 dans le cadre du Comité sur les satellites d’observation de la Terre – CEOS, a déjà été mise en application sur 5 grandes catastrophes (explosion du port de Beyrouth en 2020, tremblement de terre en Haïti en 2021, ouragans Eta-Iota dans les pays d’Amérique centrale et enfin les inondations au Pakistan en 2022 et en Libye en 2023).

 

en savoir plus

Site de la charte